Sur le journal LE PROVENCALE ...et L'AURORE.
Toujours 120 m d'explorés...et un siphon infranchissable inexploré !..
C'est le mardi 10 août 1965 qu'à lieu la premiére tentative de franchissememt.
Nuit d'angoisse dans un gouffre du Rouret pour délivrer un jeune "spéléologue" niçois bloqué dans un siphon: dans l'obscurité, la boue et le froid, Pierre a attendu douze heures ses sauveteurs.
A 40 m sous terre prisonnier du siphon de boue glaciale, il a cru mourir de la mort la plus atroce.
Vers vingt heures, disposant d'un bon équipement et suffisamment entraînés, Pierre Ketella et Laurent Pellegrino, 23 ans, s'arrêtent devant le plan d'eau. Celui-ci est noir, le faisceau des torches se perd à la surface, le liquide est boueux.
Pierre ketella enfile son équipement de plongée autonome, atttache sa ceinture. Une corde et un mousqueton le retient à son compagnon resté sur le bord . Il plonge, se laisse couler et découvre dans la paroi une sorte de laminoir, une faille dans le rocher. Ketella s'y enfonce, sa bouteille le gêne.
Le passage est très étroit, environ deux mètres de large mais guère plus de cinquante centimètres de haut. La boue collée à la paroi se dissout dans l'eau. Il n'y vois plus, c'est là que le drame se produit. Désirant se mettre sur le dos. Pierre décroche son mousqueton, mais la corde lui échappe avec la lampe. IL veut se retourner, derrière lui c'est le "mur": un écran de boue.
Il lui était alors aussi difficile de revenir sur ses pas que de continuer. C'est la deuxième solution qu'il choisit. Il continue dans le boyau long de cinq métres et parvient dans une salle, heureusement remplie d'air respirable: seul dans l'obscurité totale et le silence absolu.
De l'autre côté de la paroi, Pellegrino sentant la résistance de la torche qui s'accroche aux parois et sa lumière qui se rapproche, est persuadé que tout va bien. Quand il découvre la vérité, il est atterré!..
Alerte dans la nuit: aussitôt, il quitte le gouffre et donne l'alerte au café " Chez Esprit ". Au dehors aussi, il fait nuit, il est vingt-deux heures. Les pompiers de la caserne Magnan se rendent sur les lieux avec l'adjudant Galtierotti, les plongeurs Trabaud et Pinay.
Le téléphone sonne aussi à la sixième Compagnie républicaine de sécurité (C.R.S) de Saint-Laurent-du-Var. L'équipe de montagne, qui comprend une section spéléologique, part vers le gouffre.
A sa tête, le lieutenant Crouzet, le brigadier-chef Lafleur, moniteur national de spéléologie, messieurs Mocziuski, Gagliono, les C.R.S. Colliat et Aubert, vont procéder au sauvetage... Sans interruption, la lutte dramatique va s'inscrire tout au long de la nuit.
Partie de topographie où a eu lieu l'accident ( Salle Kettela )...
Mercredi, deux heures:
-Première tentative. Deux heures du matin. Conduites par Laurent Pellegrino, les équipes cheminent dans la galerie.
Quatre heures:
-Des essais avec les bouteilles sont tentés par celui-ci. La passe est trop étroite, le matériel s'avère insuffisant.
Quatre heures trente:
-Les sauveteurs font appel à une réserve d'oxygène et à un narguilé.
Six heures:
-Après une heure trente d'effort, la galerie est aménagée, les contacts sont établis avec Pierre Ketella toujours prisonnier.
Sept heures quarante-cinq:
-A l'aide du tuyau de trente mètres de long entre les dents, relié à la réserve d'oxygéne, Laurent Pellegrino progresse dans l'eau boueuse et rejoint son compagnon. Le retour s'effectue de la même façon pour le premier avec Ketella se tenant à ses pieds, sa propre bouteille d'oxygène entre les jambes.
Huit heures vingt:
-Le prisonnier de la nuit est ramené vers la surfaçe sans trop de mal. Mais ce fut ni sans peine ni sans angoisse. Leurs camarades du Club Martel, alertés, se trouvaient sur place: le président. Yvon Créach et sa femme, Noelle Chochon et son frère Abel.
Une partie seulement du siphon a été explorée, soit cent trente mètres en soixante six années !
Ainsi, le mystère reste entier.