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La plongée du cinquième siphon. Photos de l'étroitesse du passage et du cul-de-sac ayant failli me coûter la vie. ( Suite de la partie Historique ).

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L'accumulation de gravier, amené par la force du courant, ne laisse que 40 cm d'ouverture! Vu l'étroitesse du passage, je plonge en tenant un biberon de plongée par la main gauche, lesté au maximum, pour plaquer au sol: je me laisse glisser dans la forte pente qui suit cette accumulation.

Ma première impression était que la suite de la rivière se trouvait sur le côté droit.Je m'engouffre rapidement pour avancer plus vite que je ne trouble l'eau.

En effet, je distingue bien sûr, de ce côté un départ de galerie large mais trés basse. Mal m'en prit de prendre ce passage. Au  bout d'un instant, celui-ci se termine en cul-de-sac! J'amorce le retour tout aussi rapidement, mais l'eau devenue trouble ne me laisse plus aucune visibilité.

De plus, dans ces différents déplacements, Mon fil d'ariane s'est déporté et se trouve concé dans une fissure. A genoux, à tâtons avec mes mains, je cherche la sortie. Les minutes paraissent interminables dans cette étroiture où j'arrive tout juste à remuer. Enfin, je retrouve celle-ci, et refais surface...blême! Mon manomètre m'indique la réserve d'air presque à zero. Je venais de friser la catastrophe.

Je décide donc de ne pas prendre le risque d'une deuxième plongée, mais de tenter le passage de celui-ci en pompant l'eau.

 

Un siphon de 100 m. Photos :

Après agrandissement du passage-1ère tentative de pompage mécanique pour son franchissement. Plus tard ce sera l'utilisation de pompes à immersion suivant nos moyens ! 

Une deuxième pompe de 100kg est amenée pour cette opération. Ce ne sera que le 12 novembre que l'opération réussira. En fin de compte, la rivière arrivait du côté gauche et le siphon faisait cent mètres de long!


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A 15h30 nous franchissons celui-ci et découvrons une des parties les plus belles de Beaume Robert: le canyon de la Salle Blanche; c'est féerique tellement cet endroit est magnifique dans sa blancheur immaculée. 

Les concrétions exceptionnelles en font un des endroits les plus beaux du département. Plus loin, la voùte de la galerie descend et se termine sur un sixème  siphon...le fameux siphon de Barnarac. Mais comment prendre le risque de tenter sa plongée, à cet endroit, après tous ces siphons.

En 1979, monsieur Vanescotte, un Belge, me permet de raccorder ma ligne électrique sur le compteur de sa villa, qu'il en soit remercié ici. Le 22juillet 1979, nous découvrons un troisième étage au-dessus du réseau fossile de la rivière principale ( réseau de l'Oubli ).

Le 16 juin 1980, nous ressortons la pompe de 100 kg. Après cette réussite et devant les difficultés qui se présentent, je me retrouve seul, le mariage de mon compagnon C.Bona entraîne la fin du Clan spéléologique Loubens.

L'exploration continue.

-Remplacement de la pompe mécanique au siphon de 100m par des pompes à immersion.


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-Canyon de la Salle Blanche et 3ème étage ( Réseau de l'Oubli )

Le Canyon de la Salle Blanche juste avant le siphon inconu ,reconu seulement sur 300m ...Phot scan 3

En 1981, je décide de ne pas abandonner l'exploration de Beaume Robert.Je trouve en un compagnon de travail, P.SIdo, un nouvel allié pour pousuivre l'aventure, avec l'idée folle de tenter le pompage de ce sixème siphon.

La ligne électrique est prolongée jusqu'à la salle Blanche et atteint 1500 m. Ce siéme siphon, se trouvant sous le vallon de Barnarac, nous obligera à concevoir une installation sophistiquée. Tout est à revoir, pour tenter cette opération seulement à deux, avec un minimum de risque.

Notre objectif: essayer de le vider au maximum et de plonger en autonome, si nécessaire, en ultime ressort. 

De 1981 à 1983. Photos : Départ du siphon de 300m ( Siphon de Barnarac ) - La galerie 25m après celui-ci et la suite après pompage - Vue d'un tronçon noyé en cours de pompage

Depart du s 300Moi s 300 25mDescent tuyau s300S 300 noye

 

Bilan de la période: une reserve d'eau trés importante sous le vallon de Barnarac et la bataille pour le franchissement de cette zone noyée.

La fin 1981 est mise à profit pour les préparatifs liés à l'équipement de cette opération.  septembre : on équipe une deuxième armoire électrique pour le pompage du cinquième siphon ( celui de 100 m ) et du sixème ( celui de Barnarac ). ( Voir 1ère et 2ème installation de pompage ).

18 septembre: nous nous achetons deux pompes à immersion.

17 octobre: un rouleau de 200m de cable électrique de 4 mm2  est tiré jusqu'au départ du sixième siphon (150 kg ).

24 octobre: nous passons 48 heures d'affilée à titre d'essai au commencement du pompage du siphon de Barnarac.

12 décembre à cinq heures du matin: nous descendons trente mètres en première dans la galerie noyée et découvrons une deuxième arrivée d'eau, différente, qui se jette dans celui-ci ( Le siphon de la Boue ). Des pluies importantes nous font arrêter les opérations pour cette année.

 

 

-Photos : - Descente 25m après le début du siphon de Barnarac 1ère étroiture - A la sortie de cette étroiture dans mon dos l'arrivée d'eau du siphon de la Boue - Désobstruction de cette arrivée -.

 

Img 20150316 0002Moi sortie s 30020150204 0021Boue s 300Pompe spa

 

12 avril 1982: un promoteur du Rouret, monsieur Kopp, nous aide en nous achetant une troisième pompe à immersion, du cable électrique et cinquante mètres de tuyau. Pour  le remerçier l'entrée artificielle prendra son nom.

16 mai: nous confectionnons une autre armoire électrique, plus perfectionnée, au départ du quatrième siphon ( celui de 30 m ): elle sera installée le 6 juin. La grosse pompe mécanique de 120 m3/heure est équipée d'un balancier avec ampoule de mercure, floteur et d'une minuterie permettant différents réglages de fonctionnement suivant l'importance du débit de l'eau.

Tous les quarts d'heure, elle se met en route et vide le premier siphon. Trois autres pompes à immersion vident le cinquième siphon. Elles se coupent et se mettent automatiquement en marche gràce à leur flotteur qui descend ou monte avec le niveau de l'eau. ( Voir 1ère et 2ème installation de pompage ),

Photos : La grosse pompe - Son balancier avec son flotteur de contrôle du débit de l'eau - Les électrodes de contrôle de la remontée de l'eau - la sirène d'alerte.

Gp envers neuve 1Balancier 1333 10Sirere 1Des électrodes, positionnées à une hauteur nous laissant juste le passage à l'air libre, contrôlent la remontée des eaux à ces deux siphons. Elles sont raccordées sur une ligne sécurité fonctionnant sur batterie, si suite à une panne ou une coupure de courant, l'eau remonte et remplit ces siphons à nouveau. A son contact, elle déclenche une siréne, en tête de l'opération, nous prévenant du danger et nous laissant juste le temps du retour. De plus, la siréne est modulée. Si elle fonctionne et s'arrête par intermittence de cinq secondes, elle nous indique que c'est le quatrième siphon qui se ferme et se remplit! Si elle fonctionne en continu, c'est celui de' 100m. Toutes les pompes peuvent fonctionner en même temps en cas de problèmes et de secours.  

En effet, en cas de fermeture, nous nous trouvons bloqués entre le cinquième siphon et le sixième, celui de Barnarac, et la quantité d'air nous est comptée. Nous l'avons estimée à vingt-quatre heures, après quoi c'est l'asphyxie. C'est grâce à cette installation sophistiquée et seulement grâce à celle -ci que nous allons risquer cette tentative, moi même et mon compagnon Pierre Sido.

 -13 juin : nous essayons la pompe Kopp en pompant la source extérieure du vallon de Barnarac, qui sort épisodiquement au pied d'un grand arbre.

 Nous réussissons à parcourir 75m dans ce réseau qui est un trop-plein du grand siphon de Barnarac. 

 -10 juillet : nous reprenons les préparatifs à la Beaume Robert et descendons 300m de tuyau.

                      

                    A partir de ce moment, on pouvait s'aventurer dans le réseau après avoir mis l'installation en état de sécurité et d'alerte. Un seul homme peut s'aventurer en toute sécurité dans un tel réseau. En tête de l'exploration, avançant la pompe au fur et à mesure du vidage, la sirène à coté de lui en état d'alerte. Celui-ci sait tout ce qui se passe sur le réseau. Si la sirène se déclenche, il sait, par la modulation du bruit, quel est le siphon qui est en train de se fermer. A ce moment, il doit rebrousser chemin.  

 

8 février 1983. Photos : Devant la source du vallon de Barnarac : Sido- Kopp-Verduci - Pompage du début du siphon de Barnarac - Descente dans le siphon - La pompe Kopp installée à 115m du départ.

Barnarac sido kopp moiImg 20150316 0010Img 20150316 0007S 300 marmite8 février 1983: la grande bataille pour le franchissement du siphon de Barnarac commence. La galerie descend sans arrêt, nous en faisons de même. Nous nous enfonçons dans l'inconnu sur 75 m et sortons à minuit en pleine tempête de neige!

13 mars: nous atteignons 83 m, puis le 13 mai, 87 m. 14 juillet: la pompe  Kopp se bloque et nous plongeons en scaphandre autonome pour la récupérer.

9 août aprés 83 heures de pompage, nous atteignons les 115 m.

13 août: nous avons exploré environ 300 m et n'en voyons toujours pas la fin. Le siphon commence à remonter : trempés et transis de froid, nous avons utilisé tout notre matériel. Nous n'avons plus de tuyau et la pompe de tête n'est plus assez puissante.

Un troisiéme copain, un plongeur, Jean-Louis Shirac, qui arrive  de l'extérieur frais et reposé se joint à nous pour nous aider. Il nous annonce, manque de chance, que dehors un orage violent déverse tout son contenu sur le Rouret depuis trois heures.

Il plonge et parcourt six mètres de plus. Le temps presse. Le débit de l'eau est trop important. Les risques ont dépassé le raisonnable. Exténués,  nous décidons d'arrêter l'opération. Nous "plions bagages" et entamons une retraite précipitée en remontant tout le matériel.

Le siphon de Barnarac n'a pas été franchi: il a eu le dernier mot  et garde tout son secret !..

De 1983 à 1987. Photo : Le lac Iréne à son origine.

Lac ireneAprès la tentative de franchissement du grand siphon, de Barnarac, la fin 1983 est mise à profit pour explorer l'affluent de gauche se trouvant à 30 m du départ de celui-ci. Encore une arrivée d'eau dont nous ignorons la provenance: une accumulation de boue nous fait arrêter cette exploration le 21 octobre 1984.

Nous quittons cette partie de rivière affluente pour reprendre les explorations sur la rivière principale, à partir du lac Irène, au départ de l'effondrement cyclopéen, butoir et arrêt de 1975.

Le 10 mars 1984, la mairie nous octroie un raccordement électrique correct. 30 septembre et 31 octobre: je reçois l'aide de deux spéléologues, l'un occasionnel, Frédéric Péan, et l'autre assidu, Jean-Claude Tardy.

13 mars 1985: j'installe un I.P.N. au sommet de la descente du puit de 38 m de l'entrée artificielle et des arceaux de sécurité à l'extérieur autour de l'entrée. 

7 avril: un nouveau câble électrique de 305 m est tiré et fixé depuis l'entrée, l'achat d'un treuil électrique va me permettre de faire admirer la première partie de nos découvertes à des néophytes, habitants du Rouret. 

 

Photos : Une vue sur les travaux nécessaires d'étayage et de consolidation sur les blocs de rocher pour franchir les 60m du Boyau de l'Enfer 1 et 2.( Voir la topo.) - Plafond de la Salle Frédéric.

Enfer repris21 juillet premier essai de la nouvelle ligne électrique.

13 août:  nous attaquons le côté gauche de l'effondrement cyclopéen, partie sur laquelle nous arrivons à progresser sur 45 m pour buter sur une arrivée d'eau de surface. La suite de la rivière n'est donc pas de ce côté.

20 octobre: nous essayons d'avancer sur le milieu en suivant et remontant l'eau de la rivière: une folie. L'équilibre des blocs de pierre est instable et à chaque coup de barre à mine, nous menaçons d'être ensevelis sous ceux-ci Le 19 janvier 1986: nous arrêtons. 

 le 9 mars 1986: nous décidons d'attaquer le côté droit de l'effondrement en longeant l'ancienne paroiPlafond de s frederique reprissûre de la salle. Nous avançons à l'explosif en déblayant et ramenant en arrière, jusqu'au lac Irène, tous les blocs de chaque tir.

Le 27 juillet: en longeant cette parois, nous tombons et découvrons un affluent ( l'affluent de l'Inattendu ) que nous explorons sur 250 m. Nous trouvons une grande salle  ( la salle Frédéric ).

Le siphon de 15m noyé, à l'origine avec son fil d'ariane, final de la galerie des deux forçats - Le percement des trous pour mettre les charges d'explosif et s'attaquer au creusement d'un tunnel.

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Img 20150411 0015T s 15 moiLes 5 et 12 octobre: nous creusons un tunnel de 5 m pour permettre un meilleur accès à la salle des Trois Christian. 

Le 14 décembre 1986, après la découverte de cet affluent, nous continuons toujours en longeant la paroi. L'effondrement cyclopéen ressemble à un grand lac de 60 m de Diamètre entièrement recouvert de blocs effondrés à travers lesquels l'eau passe.

Nous essayons de trouver la suite et tirons un fil d'Ariane pour ne pas nous perdre dans ce vaste labyrinthe.

Le 8 février 1987, avec mon compagnon J.C.Tardy et après trente-cinq journées de travail pour parcourir ces 60 m d'effondrement, nous découvrons la suite: c'est Beaume Robert 2. Nous débouchons dans une grande galerie de 90 m de long ( la galerie des Deux Forçats ) qui, au fur et à mesure que nous avançons, voit son plafond descendre jusqu'à rejoindre l'eau.

Nous tombons à nouveau  sur un autre siphon. Drôle de récompense après tant d'efforts!..

La continuation ? Eh bien elle se situe derrière celui-ci. Ce qui veut dire qu'il va falloir traîner matériel et bouteilles de plongée, depuis l'extérieur  et à travers l'effondrement, jusqu'ici, soit environ sur un kilomètre. Mais l'attrait de la découverte est le plus fort et décuple notre courage.( La suite dés que possible)

Préparation des charges d'explosif dans la partie basse du siphon après pompage de l'eau. En train de pendre dans le vide, les cordons détonant, avant leur raccordement à un détonateur.

Derniére vérification de la ligne détos avant le branchement pour le tire.

Une partie du tunnel de 15m terminé avant la remise à l'eau. Toute cette opération, financée par moi-même et réalisée avec mon camarade J-C.Tardy, donne l'accès de Beaume Robert 2 sur 1 km1/2.

Une partie du tunnel de 15m après la remise à l'eau. La trace marron, à son plafond, indique que celui-ci se ferme, quand même, entièrement lors des crues !

Toutes les photos sont réservées.. ( Copyright )..

 
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