Historique De 1899 à 1948-1965

De 1899 à 1948 - 1965

Vue de l'entrée naturelle et du parcours de l'eau dans le vallon.

Entree naturelle

 

La grotte de Beaume Robert est située à quelques centaines de mètres au nord est du village, dans le vallon de la Miagne, au lieu dit Beaume Robert. entre 1899 et 1948, on ne connait que deux rapports d'exploration, celui de J.Gavet dans le bulletin de la section  des Alpes-Maritimes du Club alpin de 1899 et celui simple feuille manuscrite datée d'août  1942, rendant compte d'une exploration faite par les Eclaireur de France du Clan de Feu.

Gavet a été arrêté par un niveau d'eau noyant la galerie à 90 m de l'entrée. Quant aux Eclaireurs, ils explorèrent toute la galerie inférieure jusqu'au siphon. C'est le 3 avril 1948 que J.Vigneron et C.Guilmoteau sur les indications de M.Auzet, trésorier du Club Martel et originaire du Rouret, réexplorent la caverne.

Par escalade, ils atteignirent le plafond de la salle du Bloc et débouchèrent dans une salle supérieure beaucoup plus grande, bien décorée et probablement encore vierge. Au cours d'autres visites, ils découvrirent la salle du Lac derrière une haute draperie stalagmitique...Jusqu'à cette date, deux tentatives de vidange du siphon inférieur restèrent sans succès. 

De 1948 à 1965

Sur le journal  LE PROVENCALE ...et L'AURORE.

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Toujours 120 m d'explorés...et un siphon infranchissable inexploré !..

C'est le mardi 10 août 1965 qu'à lieu la premiére tentative de franchissememt.

Nuit d'angoisse dans un gouffre du Rouret pour délivrer un jeune "spéléologue" niçois bloqué dans un siphon: dans l'obscurité, la boue et le froid, Pierre a attendu douze heures ses sauveteurs.

A 40 m sous terre prisonnier du siphon de boue glaciale, il a cru mourir de la mort la plus atroce.

Vers vingt heures, disposant d'un bon équipement et suffisamment entraînés, Pierre Ketella et Laurent Pellegrino, 23 ans, s'arrêtent devant le plan d'eau. Celui-ci est noir, le faisceau des torches se perd à la surface, le liquide est boueux.

Pierre ketella enfile son équipement de plongée autonome, atttache sa ceinture. Une corde et un mousqueton le retient à son compagnon resté sur le bord . Il plonge, se laisse couler et découvre dans la paroi une sorte de laminoir, une faille dans le rocher. Ketella s'y enfonce, sa bouteille le gêne.

Le passage est très étroit, environ deux mètres de large mais guère plus de cinquante centimètres de haut. La boue collée à la paroi se dissout dans l'eau. Il n'y vois plus, c'est là que le drame se produit. Désirant se mettre sur le dos. Pierre décroche son mousqueton, mais la corde lui échappe avec la lampe. IL veut se retourner, derrière lui c'est le "mur": un écran de boue.

 

 Il lui était alors aussi difficile de revenir sur ses pas que de continuer. C'est la deuxième solution qu'il choisit. Il continue dans le boyau long de cinq métres et parvient dans une salle, heureusement remplie d'air respirable: seul dans l'obscurité totale et le silence absolu.

De l'autre côté de la paroi, Pellegrino sentant la résistance de la torche qui s'accroche aux parois et sa lumière qui se rapproche, est persuadé que tout va bien. Quand il découvre la vérité, il est atterré!..

Alerte dans la nuit: aussitôt, il quitte le gouffre et donne l'alerte au café " Chez Esprit ". Au dehors aussi, il fait nuit, il est vingt-deux heures. Les pompiers de la caserne Magnan se rendent sur les lieux avec l'adjudant Galtierotti, les plongeurs Trabaud et Pinay.

Le téléphone sonne aussi à la sixième Compagnie républicaine de sécurité (C.R.S) de Saint-Laurent-du-Var. L'équipe de montagne, qui comprend une section spéléologique, part vers le gouffre.

A sa tête, le lieutenant Crouzet, le brigadier-chef Lafleur, moniteur national de spéléologie, messieurs Mocziuski, Gagliono, les C.R.S. Colliat et Aubert, vont procéder au sauvetage... Sans interruption, la lutte dramatique va s'inscrire tout au long de la nuit.

 

Partie de topographie où a eu lieu l'accident ( Salle Kettela )...

Coupe br1 debut repris

Mercredi, deux heures:

-Première tentative. Deux heures du matin. Conduites par Laurent Pellegrino, les équipes cheminent dans la galerie.

Quatre heures:

-Des essais avec les bouteilles sont tentés par celui-ci. La passe est trop étroite, le matériel s'avère insuffisant.

Quatre heures trente:

-Les sauveteurs font appel à une réserve d'oxygène et à un narguilé.

Six heures:

-Après une heure trente d'effort, la galerie est aménagée, les contacts sont établis avec Pierre Ketella toujours prisonnier. 

Sept heures quarante-cinq:

-A l'aide du tuyau de trente mètres de long entre les dents, relié à la réserve d'oxygéne, Laurent Pellegrino progresse dans l'eau boueuse et rejoint son compagnon. Le retour s'effectue de la même façon pour le premier avec Ketella se tenant à ses pieds, sa propre bouteille d'oxygène entre les jambes.

Huit heures vingt:

-Le prisonnier de la nuit est ramené vers la surfaçe sans trop de mal. Mais ce fut ni sans peine ni sans angoisse. Leurs camarades du Club Martel, alertés, se trouvaient sur place: le président. Yvon Créach et sa femme, Noelle Chochon et son frère Abel.

Une partie seulement du siphon a été explorée, soit cent trente mètres en soixante six années !

Ainsi, le mystère reste entier.

de 1965 à 1974. Le siphon du Marteau, à l'origine, vide de son eau et avant sa suppression. On voit trés nettement la trace de celle-ci sur sa paroi quand celui-ci est noyé.

S marteau vide moi 1Pb060005 1Aoùt 1975. L'accident de la premiére tentative de franchissement du premier siphon de Beaume Robert qui a failli coûter la vie  à Pierre Ketella , "refroidit" toute nouvelle tentative durant deux années.

En 1967. Le Clan Spéléologique Loubens s'intéresse à cette cavité. Le 15 août, une nouvelle tentative s'avère être la bonne. La première partie est de nouveau franchie par Guy Ménard, responsable d'une section de l'Alliance des jeunes et C.Bona, futur président du Clan spéléologique Loubens (S.C.L.).

L'étiage permet de voir,  suite à une baisse de niveau de quelques centimètres, la continuationqui avait échappé au plongeur précédent. Dans le plus pur style "Casteret", Guy et Christian, en maillots de bain, tricots de laine et chaussettes, explorent d'un jet la zone s'étendant jusqu'à l'ex- siphon Scelo ( lac de la pompe ) soit plus de 200 m.

Après cette heureuse découverte le S.C.L. envisage le pompage pur et simple du siphon. Le siphon vide, nous pousuivons en septempbre 1967 nos explorations; celles -ci sont maleureusement stoppées par une crue qui court-circuite la pompe, Les explorations sont remises à l'année suivante.

Ainsi en 1968, nous avons presque entièrement connaissance du réseau nouveau et de ses diverticules. En 1969 le S.C.L se compose de C.Bona, E.Ballatore, C.Verduci, et on relève au théodolite le cheminement et le profil précis de la cavité. Nous avions  noté l'intérêt de deux grands puits remontants,  dont un de plus de 30 m au - delà du siphon.

On reporte à l'extérieur, sur le terrain, le cheminement afin de déterminer les coordonnées de surface de ce puit, qui foré artificiellement sur quelques mètres, permettrait de shunter le siphon en période de crue. Nous ignorons alors que cette tentative ne serait couronnée de succès qu'en juillet 1974.

 Le Clan Loubens ( domicilié et venant de Nice ) explorateur du début ( Ballatore-Verduci- Bona ), avant que j'en prenne seul la succession. 

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 L.Scelo, un ancien membre du Club Martel, sympatise avec  le S.C.l. et se penche sur les possibilités de continuation au-delà de la voûte mouillante terminale. Il décide de plonger ce deuxième siphon. Il n'a aucune difficulté pour franchir une zone de courts siphons. Cependant ses déclarations, suite à cette plongée, demeurent relativement confuses et ne permettront pas de tirer une conclusion.

En 1973, le maire du Rouret nous demande de poursuivre nos travaux par l'installation d'une ligne de courant: celle-ci va permettre de commencer le forage d'accès au puit remontant avec un marteau électrique. Les travaux se poursuivront ensuite au compresseur.

En 1974  l'équipe du Clan Loubens qui réussira la jonction et le percement de l'entrée artificielle est la suivante: C.Bona, E.Balllatore, C.Verduci, secondée par A.Bergamo, président du groupe spéléologique de Nice. Cette jonction avec la tête du puit, sept mètres sous la surface. s'effectue le 21 juillet 1974. ( Voir 1967 Début de l'Aventure...).

Courant août.  C.Bona et A.Bergamo topographient le réseau découvert, soit plus de 700 m.

C'est à partir de 1974  que je prends en main l'exploration de Beaume Robert et cela dure jusqu'à ce jour.

Le siphon Scelo, long de 10 m, point final des explorations de 1974, s'avère être un obstacle important à franchir vu la faiblesse des moyens dont nous disposons. La décision est prise de supprimer cette zone noyée par un passage à l'air libre. Nous tirons une ligne électrique depuis la surface jusqu'à ce siphon.

 

Aoùt 1975. Suppression du siphon Scelo. Les 1m5 de profondeur sont comblés par les déblais de la partie haute...après 15 jours de " Vacances "... consacrés à ce travail ! ( Humour )...


Etroiture sortie20150214 0037
Tunnel scello 1Siphon Scelo supprimé. Ouverture sur les 30m du  lac de la pompeet son ponton en fer.

Aoùt 1975 sera consacré à cette opération: 10 m de rocher sur 3 m de large et 1,5 m de profondeur à faire sauter à l'explosif. Les sept premiers mètres seront faits au marteau piqueur pneumatique, alimenté en air depuis l'extérieur ( 170 m ), puis au marteau électrique suite à une panne du pneumatique. 

Gp moi noye verticalCe siphon franchi, nous nous trouvons dans un lac de 30 m de long coupé par deux autres obstacles: une voûte mouillante d'un mètre et un troisième siphon de cinq mètres ( le siphon du Marteau ).Nous  descendons en pièces détachées une pompe de 200 kg et de120 m3/heure de débit. ( Pas de treuil électrique à cette époque ! ). Nous fixons celle-ci dans le lac sur un trépied en fer et asséchons entièrement les 30 m du lac. Nous travaillons au sec et pouvons attaquer la partie de rocher, normalement sous l'eau, du troisième obstacle.

Nous forons au marteau piqueur électrique une multitude de trous que nous remplissons d'explosif et faisons sauter. L'opération sera effectuée le week-end du 14 au 16 juillet 1976.

Pompage des 30m du lac pour supprimer la voute mouillante  d'un mètre et le siphon du marteau de cinq mètresImg 20150209 0021Marteau bona tir4

Un deuxième tunnel de cinq mètres de long remplace ce troisième siphon, nous permettant de passer, là aussi, à l'air libre. Dix mètres plus loin, une étroiture de sept mètres de long est supprimée de la même façon.

Découverte des premiéres grandes Salles dont la Salle des 3 Christian.

Photo 777 35
Pc070036 spMoi lac ireneEdmont pontonGp edmond 1Les exploratioSp 7ns vont Img 20150412 0011enfin pouvoir se poursuivre. En suivant la rivière principale, nous découvrons deux grandes salles : La salle des Trois Christian, longue de 25 m et haute de 15 m, en forme de " cocotte minute", et la salle de la Proue, légèrement moins haute, surnommée ainsi suite à un rocher détaché du plafond en forme de proue de navire, pour aboutir à un petit lac: le lac Irène. Quelques mètres plus loin, un effondrement cyclopéen arrête nos explorations dans cette partie.

LReseau de la jonctione 23 juillet 1976, 21 m au-dessus de celle-ci, nous découvrons  un réseau fossile venant se jeter dans la rivère principale, le réseau Scintillant. Des ponts suspendus et des aragonites  le composent.

Un an plus tard, en 1977, nous découvrons un quatrième siphon long de 30 m, en deux parties: rivière affluente à la rivière principale. La première partie sera franchie en plongée en scaphandre autonome par A. Bergamo et moi-même et la deuxième par P.Aimont et moi-même.

Le 4 décembre 1977, nous découvrons, là aussi un réseau fossile ( réseau de la Jonction ) venant se jeter dans la rivière affluente ( réseau des802 333 Siphons ).

Une salle de 25 m de haut avec une ancienne cascade terminera l'aval de ce réseau. Son ascension sera effectuée le 27 août 1978. Plus loin un cinquème siphon arrête à nouveau nos explorations.

 

De 1978 à 1981. Trois photos du réseau au-dessus de la cascade et de son cul-de-sac.

Champignon cascade 

Décision est prise de déménager la pompe de 200 kg de l'ex-siphon Scelo pour venir l'installer au départ du quatrième siphon et le vider. La ligne électrique, de ce fait est prolongée et atteint 330m.Haut cascade 1Haut cascade 3 Le 2 août 1978 pour la première fois, celle-ci nous permet le passage de ce quatrième siphon à l'air libre. Un flotteur et une minuterie en contrôlent son fonctionnement. ( Voir 1ère installation de Pompage )

Nous allons pouvoir tenter une plongée au cinquième siphon. L'exploration de Beaume Robert continue avec toutes ces difficultés. Le 2 août1978, journée de passage à l'air libre du quatrième  siphon, sera mis à profit pour effectuer l'ascension de la salle de la Cascade. Nous découvrons, à son sommet, la galerie par où arrivait l'eau alimentant celle-ci. Mais nous sommes bloqués au bout de 43 m par une coulée de calcite obstruant le passage.  ( La suite : La plongée du cinquième siphon )

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